« De la fermeture du SAMU à une plateforme commune » : le mariage des centres d’appel 15 et 18 est acté dans l’Yonne
Un temps menacé, le centre d’appel du SAMU dans l’Yonne va finalement être mutualisé avec celui des pompiers. L’information a été officialisée cette semaine. La mise en œuvre n’interviendra toutefois pas avant 2029. Il s’agit du premier rapprochement de ce type en Bourgogne.
Le principe est acté. Même si les contours sont encore à travailler. En 2029, une plateforme unique regroupera les centres d’appel des pompiers et du SAMU dans l’Yonne. Les nombreux acteurs du dossier s’étaient mis d’accord en juillet dernier. Une décision officiellement validée lors d’un comité de pilotage élargi, qui s’est tenu ce mardi 30 octobre.
Un retournement de situation presque inattendu. Souvenez-vous, en 2018, l’Agence régionale de santé (ARS) avait souhaité fermer le centre de régulation médicale d’Auxerre. Comprenez, le regroupement des équipes à Dijon. Une initiative avortée après la pandémie de Covid-19. À l’époque, l’idée avait suscité l’opposition générale des élus icaunais.
Un dispositif déployé dans une vingtaine d’autres départements
Concrètement, les logiciels des deux services de secours seront « interconnectés« , d’après un document de travail rendu public par le Département de l’Yonne. Objectif : fluidifier et mieux coordonner les différentes interventions d’urgence.
À l’heure actuelle, ce dispositif est déjà opérationnel dans une vingtaine de territoires. Les autorités s’inspirent notamment de l’exemple du Centre de traitement et de régulation des appels (CTRA) de Haute-Savoie. La structure est gérée conjointement par le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS 74) et l’hôpital d’Annecy.
Néanmoins, il s’agit d’une première en Bourgogne. « On ne s’interdit aucun service sur cette plateforme d’appel. Le minimum, c’est le SAMU, les pompiers et les ambulanciers privés. Mais pourquoi ne pas aller jusqu’à la téléassistance médicale ?« , projette Christophe Bonnefond, le président du SDIS 89.
« Garder les deux identités » dans un même bâtiment
Même vent d’optimisme du côté de Stéphane Lessire-Mesbah, délégué syndical Sud, l’un des représentants des pompiers de l’Yonne : « On est quand même passés de la fermeture du SAMU à une plateforme commune. Nous y sommes favorables, tout en prenant en compte certains critères.
Favorable à la mutualisation des moyens, ce soldat du feu demeure vigilant sur les modalités d’application. « On est très proches du SAMU pour le secours aux personnes. Mais on s’en éloigne quand on s’occupe des orages qui font des ravages, ou des feux d’espaces naturels. Une fois qu’on a dit cela, la problématique c’est de garder les deux identités et de les mettre dans le même bâtiment. »
Les partenaires sociaux espèrent être associés et surtout consultés vis-à-vis de la mise en place du projet. Une cinquantaine de personnes se trouvaient autour de la table, lors du comité de pilotage organisé cette semaine à Auxerre.
La question pourrait d’ailleurs ressouder les liens distendus entre le SDIS et l’exécutif départemental. Une manifestation avait eu lieu, en juin, pour dénoncer les conditions de travail et le manque de moyens humains des sapeurs-pompiers icaunais.
Une feuille de route à affiner
Ce big bang de l’offre de soins associera des collectivités comme le Conseil départemental et la Ville d’Auxerre. Mais aussi les services préfectoraux et ceux du Groupement hospitalier de territoire (GHT) du sud de l’Yonne. Le tout chapeauté par l’ARS.
Sujet éminemment technique, la plateforme commune comporte encore de nombreuses zones d’ombres. Quelle répartition pour le modèle de financement ? Pour quels coûts d’investissement et de fonctionnement ? Mais la question qui brûle les lèvres est surtout la suivante : où se situera-t-elle ?
Sans avoir encore toutes les réponses, Christophe Bonnefond apporte son éclairage. « On aura forcément un gain en termes de charges de fonctionnement pour une prise en charge plus rapide et efficace des victimes. L’emplacement exact n’est pas défini. L’hôpital a un espace trop petit pour l’accueillir, donc la plateforme se situera quelque part entre la rue du Colonel Arnaud-Beltrame et le SAMU actuel à Auxerre. »
Plusieurs sites à proximité du centre hospitalier auxerrois seront donc « expertisés » dans les prochaines années avant d’arrêter le choix final. Le budget devrait osciller entre 3 et 8 M€, en fonction des capacités bâtimentaires qui seront retenues.
La « mobilisation générale » des élus a payé
Sur son compte Facebook, l’ancien député (LR) de l’Yonne, Guillaume Larrivé, qui avait mené la bataille, s’est également félicité de la nouvelle : « Je me réjouis que, après tant d’efforts collectifs, depuis tant d’années, la mobilisation générale finisse par produire des résultats ! Bravo à toute l’équipe. »
Dans sa communication, le Département rappelle que le rapprochement « s’est accéléré en 2020 » face au risque de fermeture précédemment évoqué. Plus de 300 délibérations avaient été adoptées par les élus locaux pour dénoncer cette décision unilatérale.
Face au tollé général, l’ARS a donc fini par reprendre les négociations et ouvrir la voie à ce compromis. Contactée, l’agence n’a pas encore répondu à nos sollicitations. Un comité technique et des « groupes de travail thématiques » sont désormais chargés d’éclairer les décideurs, chargés d’arbitrer les différentes options qui s’offrent à eux.
Source : france3-regions.franceinfo.fr
Article publié le 6 octobre 2025.